lundi 26 novembre 2012

FINANCE MORTIFERE




Dans son recueil "Bestiaire urbain" (1983), Louis Sarot (1937-1997) écrivait :  


BANQUE AUX MATHS

Derrière les grilles de  ses taux,
Avec les griffes de ses greffes,
Graphes itou, graffiti officiels,
La banque rue - la banque "route" -
Fait patte douce sur l'avoir,
Chat siamois, à nous, à eux,
Et l'être
En proie aux serres des coffres
Connaît ses  clés, ses clos, ses clous.

Banque, bergerie d'émissaires
Pour le cheptel des chèques émis sûrs !
Gardé par jeu des oies électroniques.
Banque, capitale d'Euro-missions :
Marks rapides, Francs délires, Suisse-idées :
Les zéros alignés ne sont pas fatigués
De trafiquer les frontières...


Banque, Gold-Gotha sans Christ, (...)


(...)Mais calvaire des avares,
Simonie de monnaies de saints,
De Judas endettés
Empruntant l'air de riches...

Banque émettant, omettant l'intérêt :
Totaux à terme, comptes bancaux, banque aux maths :
Les chiffres et les lettres
Aussitôt zébrés sur l'écran.
Mille changes, nul échange :
Le compte, acte de chaque heure,
Mais le contact si rare...

Les comptes du magot,
Sans les contes à Margot :
Entre l'or et l'art.
Chasse au trésor toujours ouverte
Aux braconniers-cambrioleurs
A l'affût des billets, coups fourrés...

Les voleurs évaluent les valeurs à vue,
Quand celles-ci dévaluent,
Mais eux n'évoluent guère
Et jettent leur dévolu
Sur toutes les provisions,
Sans aucune prévision !

Coupures qui blessent
Et qui vous blessent,
Et qui vous laissent
Avec un beau dépôt,
Avec un beau dépit :
Le lot,
Le lit,
La lie
De l'esclave.

HALLALI DE LA CHASSE AUX SERFS DU LINGOT !

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J'ai eu l'honneur et le bonheur de travailler quelques années avec Louis Sarot, pour des actions de promotion touristique, culturelle,...
Je l'ai connu hélas trop peu de temps. Il est parti si vite...

Je  me rends compte aujoud'hui combien sa "Banque aux maths" était un texte visionnaire.

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Déjà en 1983, Louis nous décrivait les rouages de la crise que nous subissons aujourd'hui...


Quelques exemples :

"...La banque rue - la banque "route" -
Fait patte douce sur l'avoir,..."

La crise : on a renfloué les banques assassines.

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"...Banque, capitale d'Euro-missions :
Marks rapides, Francs délires, Suisse-idées :..."

Suite à la loi Giscard-Pompidou-Rothschild de 1973, la BCE est devenue officine privée...
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"...Les zéros alignés ne sont pas fatigués
De trafiquer les frontières..."

Paradis fiscaux et non taxation des opérations boursières.
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"...Banque, Gold-Gotha sans Christ..."

Gold-Gotha...On ne peut s'empêcher de penser aux truands de la Goldman Sachs.
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"...Banque émettant, omettant l'intérêt :...

...Mille changes, nul échange :...

...Les voleurs évaluent les valeurs à vue,
Quand celles-ci dévaluent,
Mais eux n'évoluent guère..."

Parfaite description des opérations toxiques, çàd de l'utilisation au casino de la bourse des dépôts des épargnants par des traders illusoires maîtres du monde.

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Louis Sarot, poète visionnaire.

Qui avait su voir, comme Nerval, l'envers du décor.

Qui l'a (d)écrit avec à la fois l'implacable de Mallarmé, la hauteur de Giono (le hussard sur le toit) et l'humour souvent grinçant de Carco.

L'humour noir est la politesse du désespoir, avait dit Achille Chavée.

Le  grinçant, l'analyse sans concession et le contretemps pourraient être les armes de défense des opprimés, répond peut-être Louis...

mercredi 14 novembre 2012

DEUX POIDS, DEUX MESURES

Acte 1

http://www.nordeclair.be/592078/article/regions/tournai/2012-11-14/bernissart-un-homme-arme-menace-les-agents-du-cpas

Un homme armé, "bien connu des services de police", menace de mort six employés. Il est relâché...et libre de poursuivre "son oeuvre".
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Acte 2

http://www.nordeclair.be/592063/article/actualite/belgique/2012-11-14/le-prince-philippe-menace-de-mort-l’auteur-place-sous-mandat-d’arret

En revanche, si c'est le Prince Philippe qu'on menace (même sans arme !!!), on est enfermé à l'asile.
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Conclusion

Marre de ces palais d'injustice et de cette Europe de l'inégalité et de l'iniquité, qui officialisent encore une fois le fait qu'un "prince" vaut bien plus que six péquenots.
Voilà qui est très motivant pour les travailleuses et travailleurs, qui ont confirmation du fait qu'on ne les considère que comme numéros, valetaille,...

Cela rappelle ce beau poème tristement réaliste de Julos Beaucarne :

http://revolucions.over-blog.com/article-19881627.html