dimanche 31 janvier 2016

AU BOUT DE LA NUIT...DANA !












Nuit d’hiver pas très froide. Nous sommes pendant la période d’alignement des planètes, et je n’arrive pas à m’endormir. Peut-être que le poids des planètes toutes du même côté pèse aussi sur les estomacs ?

Je me lève, traverse le couloir et entre dans mon bureau. J’allume l’ordinateur et continue mes recherches sur la déesse celtique Dana. Pour l’écrivain ufologue mais ancien de la Nasa  Maurice Chatelain, Dana est l’une de nos ancêtres cosmiques et serait venue sur Terre…depuis quelque part dans la constellation Cassiopée, que l’auteur a rebaptisée « Cour de Dana ». Soit un voyage  d’une vingtaine d’années-lumière ! Le genre de croisière que je n’arrive pas à concevoir. Néanmoins, mon ami Léonce Demarez,  qui m’avait parlé de l’énigmatique Chatelain, restait persuadé que même ce qu’on ne peut imaginer au niveau de nos connaissances actuelles reste possible. Hélas trop vite disparu, Léonce, qu’on appelait le Druide d’Aubechies, avait créé l’Archeosite, reconstitution fidèle de maisons néolithiques, mégalithes, maisons  gauloises, villa et temple romains, sans oublier musées, espaces naturels,…Parmi ses espaces naturels, un grand étang planté d'une petite île où l'on peut accéder en barque. Une île de mystère dont je ne peux rien révéler.
Léonce est parti. En octobre 2006. Dix ans déjà. Parti  peut-être vers la cour de Dana, peut-être nulle part. Et je reste seul à ne pas comprendre.

Je relis mes notes quand tout à coup un message apparaît sur l’écran de l’ordinateur. Curieux qu’un message apparaisse quand on consulte simplement ses documents et quelques fichiers Wikipedia. Je pense d’abord que ce message doit provenir d’un troll commercial, voire d’un hacker. Mais ce message m’interpelle, puisqu’il est signé…Dana ! (Evidemment, il suffirait qu’un hacker ait vu que je consultais des dossiers consacrés à Dana pour usurper l’identité de la déesse afin de me fourguer l’un ou l’autre virus).
Le message, très bref, dit simplement ceci :

« Bonsoir Gérard,
Comme je vois que tu es en état d’insomnie, je t’invite à venir me voir, afin de t’expliquer ce long voyage qui t’intrigue. Si tu veux bien monter jusqu’ici, réponds-moi  que tu arrives, imprime (je transforme ton imprimante en 3 D) la clef en pièce jointe, descends dans ton jardin, entre les deux sapins, actionne la clef comme pour ouvrir une voiture, et le véhicule que tu devras utiliser se matérialisera.
J’espère que tu accepteras mon invitation un peu originale
Amicalement,
Dana « 

J’hésite…Si je clique sur la PJ et que c’est un hacker, je chope un virus. Mais un hacker quelconque ne saurait pas qu’il y a deux sapins dans mon jardin… Il se passe quelque chose. Donc, je clique sur la PJ, j’imprime…et un truc en bakélite sort de mon imprimante, c’est une sorte de clef, mais sans morceau métallique, il n’y a que le capuchon noir avec un bouton au milieu sans doute pour ouvrir. Le message est toujours sur l’écran, avec la fonction « Répondre » ! Je réponds : « J’ai la clef, et je descends dans cinq minutes, chère Dana. En espérant faire vraiment ta connaissance… ».

Je me rhabille en vitesse, je descends au jardin, en laissant un petit mot bien visible sur la table de cuisine à l’intention de Michèle, ma femme qui dort sans se douter qu’il se passe ici d’étranges événements : « Insomnie. Parti balader un peu. » (Fort laconique, mais impossible d’entrer dans les détails, puisque je suis dans le flou absolu.)

Etrange…Une déesse celtique qui m’invite par ordinateur, qui fait jaillir une clef de style très moderne de mon imprimante. Je me demande si je ne rêve pas un peu. Nerval disait, dans Aurelia, que le rêve est une seconde vie. Et ses rêves lui permettaient de voyager dans son corps astral. Dans son « Sixième sommeil », Bernard Werber a souligné aussi le mystère et l’importance des rêves. Rêves que l’on peut apprendre à orienter, à maîtriser. Peut-être Dana a-t-elle maîtrisé mes rêves, peut-être que c’est mon corps astral qui est ici dans le jardin ?

Je suis entre les deux sapins, et il ne se passe rien. J’appuie sur la clef, au cas où…Voilà qu’une sorte de petite bille un peu lumineuse sort du sol, se déplie d’abord en longueur, puis  prend une forme sphérique, et beaucoup de place avec son diamètre de 6 ou 7 mètres. Je touche ce qui avait l’air d’une baudruche. La sphère est devenue rigide, solide. Une porte s’ouvre devant un aménagement intérieur conçu pour installer une trentaine  de personnes. A droite  de la porte de cet engin  qui ressemble à une grande cabine de  bathyscaphe, un petit écran TV  s’allume. Une belle jeune femme apparaît…et commence à me parler :

-Je me présente, je suis Dana. Très heureuse de te voir, et je t’invite à venir terminer la soirée, si l’on peut dire, sur ma petite planète Cérès. Le transporteur, dont je t’expliquerai plus tard la nature, t’y amènera malgré la distance en 6 minutes.
 Je sais que tu ne prends plus jamais l’avion et que tu n’aimes pas non plus les ascenseurs, mais j’espère que tu continueras à me faire confiance, et que tu ne seras pas allergique à mon transporteur.

J’hésite un peu à monter là dedans. Propulsé en six minutes à environ 500 millions de kilomètres, qu’elle dit. Et enfermé dans ce truc…

Elle voit que j’hésite, elle insiste :
-Mon transporteur est du même tonneau que « Le livre du voyage » de Werber : ce n’est qu’un objet, mais qui te permettra le plus extraordinaire des voyages. Tu n’as souffert ni de claustrophobie, ni d’aucune autre angoisse quand tu étais dans ton livre du voyage. Pas de vertige non plus quand ton esprit s’est mis à flotter bien haut…Plus haut que l'aigle plane, comme écrivait si joliment Apollinaire.


Voilà qui me décide. Je suis d'ailleurs déjà trop loin pour reculer, donc, il ne reste qu’à avancer. J’entre dans l’appareil en disant :
-J’arrive, Dana.

-Installe- toi sur le siège à gauche près de la porte, à côté de la fermeture et de l’écran tactile. Une fois installé, tu fermeras la porte en appuyant sur l’interrupteur noir. Quand l’écran tactile s’allumera, tu écriras mon nom, « Dana », et le transporteur te déposeras chez moi dans six minutes. Accélération en rotation gauche, transport quantique instantané, décélération en rotation droite.
Je m’installe, j’appuie sur l’interrupteur.

La porte se ferme. Avec le bruit du couvercle d’un cercueil…J’écris « Dana » sur l’écran. Un bourdonnement et on dirait que le »pôle nord » de mon transporteur se tord indépendamment du reste de la sphère. On ne voit pas le « pôle sud », caché par un plancher, mais ce plancher vibrera un peu quand mon "pôle Nord" aura retrouvé son calme. Le tout  délicatement, même pas impressionnant. Puis un petit sifflement au lieu du discret bourdonnement, enfin un bruit comparable à l’ouverture des portes d’un train.
 Et, de fait, la porte de mon transporteur s’ouvre.


Souriante, Dana m'attendait à la sortie de mon transporteur. Elle m'accueille chaleureusement. Comme je l'avais déjà remarqué dans la video, elle est très belle, et aussi plutôt jeune pour une déesse ! Quand j'ai décollé de la Terre, pour un voyage de six minutes, il était environ une heure 30 du matin. Sur Cérès, il fait jour. Je vois un beau soleil, il faut chaud et l'air est respirable. Les paysages que j'aperçois sont boisés et...en bord de mer. Dana m'invite chez elle : sa maison est curieusement hémisphérique, on dirait un igloo géant, avec des portes également hémisphériques et des fenêtres rondes. Elle me sert du thé au myosotis(au myosotis...pour que je ne l'oublie jamais ? Il n'y avait pas de danger !), avec des feuilles de vigne farcies aux orties.
Pendant que nous dégustons et sirotons, elle" commence par me raconter sa vie.

Ses ancêtres vivaient sur la planète Antagora, qui tourne autour de l'étoile double dans la constellation de Cassiopée. (Cassiopée, comme avait écrit Chatelain). Leur civilisation était très avancée : ils avaient le nucléaire avec ses déchets ingérables, les gaz à effet de serre qui ont provoqué des tsunamis ayant balayé des centrales atomiques, et aussi bien d'autres choses. Deux blocs antagonistes qui faisaient occasionnellement péter une bombe (effet secondaire : un bref hiver nucléaire pour faire semblant de lutter contre le réchauffement climatique). Heureusement, ils avaient aussi des scientifiques de haut niveau. Quand ceux-ci se sont rendus compte que leur Planète allait mourir, ils ont décider d'aller voir ailleurs. Pour voguer très loin, ils avaient trouvé la méthode quantique : une particule quantique a la propriété de se situer à deux endroits en même temps, elle a ainsi la faculté de pratiquer le déplacement instantané. Nos savants ont donc capturé une particule, l'ont agrandie (agrandisseur en 3 D), puis l'ont photocopiée (photocopieuse 3 D), et ils étaient prêts pour le grand voyage. Cette particule agrandie, c'est le transporteur que je viens d'utiliser. Ils disposaient de sept transporteurs, ils sont partis à un peu plus de 200 avec quelques bagages et leur premier voyage les a amenés (fantaisie quantique obligeant) à proximité de notre Terre il y a 50 000 ans. Par la suite, ils ont peaufiné leurs transporteurs, de manière à les diriger où bon leur semblait : il a suffi de faire appel à l'énergie noire bien présente, mais encore mystérieuse pour nous, dans notre Univers.

Dana me montre des videos de la planète de ses ancêtres, planète toujours morte 50 000 ans après les cataclysmes. Des ossuaires à ciel ouvert, où ne rampent que d'étranges sortes de limaces et où végètent des champignons monstrueux que je n'aurais jamais imaginés.

Les ancêtres de Dana ont voulu apporter un peu de leur "civilisation" aux humains qui habitaient alors sur Terre. Ils furent les dieux descendus du ciel venus féconder les mortelles...Et de nouvelles civilisations ont démarré relativement vite. Quand la grande aventure a été lancée, les "dieux" sont partis s'établir sur l'un des satellites de Mars, d'où ils pouvaient continuer à surveiller leur oeuvre. Avec des véhicules spatiaux bien plus impressionnants que leurs transporteurs, lesquels étaient invisibles sauf au décollage et à l'atterrissage.

Leurs savants ont réussi à créer (organismes génétiquement modifiés...) treize personnes immortelles il y a 12 000 ans. Attention : ces Immortels ne vieillissaient pas, donc ne mouraient pas tout seuls, mais pouvaient être assassinés ou se suicider. Ce fut l'avènement des Dieux. Zeus-Thor, Dana-Héra, et d'autres, dont le sinistre Moloch Baal, qui a quasiment massacré tout le monde. Reste-t-il quelques descendants des savants de la première heure ? Dana ne sait pas. Le vieux Trinôme qui a vaillamment avec elle combattu Moloche Baal est-il toujours vivant ? Pas de nouvelle depuis très longtemps...Restent au moins Moloch Baal et Dana. Un Moloch Baal dont Dana se protège efficacement grâce à une armée de robots. Et nous en sommes au statu quo. Moloch Baal veut détruire, Dana voudrait sauver la Terre, qu'elle ne veut pas voir finir comme Antagora. Ou comme l'Atlantide dont elle me résume la brève histoire : un laboratoire des savants et des dieux, détruit par la folie des hommes de l'époque, folie entretenue par Moloch Baal.
Sauver la Terre...vaste chantier, à cause de ce qui se passe dans notre monde en perdition , et aussi à cause des malversations de Moloch Baal toujours présent.

Elle me demande alors de simplement raconter notre entrevue, en invitant les gens à (re)lire "L'homme qui plantait des arbres", de Jean Giono. Elle insiste aussi sur l'importance de la trilogie de Werber "Troisième humanité", et sur la colonisation de la Lune par la papesse Emma. Car, en attendant les bienfaits des arbres, Dana acceptera de transporter des gens autre part. Elle souligne le fait que ce qui est petit, Lune, satellites de Mars ou Jupiter, astéroïdes,..., est plus facilement  aménageable que ce qui est plus grand (comme Mars, dont on parle tant) : dix ans ont suffi à ses robots pour rendre Cérès viable. Energie solaire grâce à la grande montagne Ahuna, l'eau se remet alors à couler, il suffit ensuite de l'oxygéner avec les plantes ad hoc et le tour est joué. Le monde végétal, savamment géré, apporte oxygène, nourriture et énergie. Que demander de plus ?

Dana me charge d' inviter chez elle des scientifiques pour lancer le plan de sauvetage de la Planète qui fut bleue et qui a viré au gris maussade. Des scientifiques, aussi des créatifs (artistes,...), mais elle ne veut nul oligarque. Elle me suggère de contacter d'abord un prof du CNRS que je connais (mais dont je ne peux révéler le nom) afin qu'il contribue à sélectionner l'équipe qui aura la lourde tâche de sauver l'humanité.

Elle sait que je ne verrai sans doute pas les bienfaits des arbres que je vais inviter à faire renaître.
Mais elle m'en console en me disant que l'essentiel est de participer. Et que la mort n'est pas plus éternelle que la vie, grâce à la mémoire de nos électrons...

Immortelle sauf attentat ou suicide, Dana ne veut pas mourir maintenant. Mais elle ne veut pas non plus vivre sans nous. Tout en sachant que dans 4 à 5 milliards d'années, avec l'explosion de notre Soleil, elle est sans doute condamnée à mort, comme nos électrons et leur mémoire. Dana nous invite à bien vivre notre vie d'abord, notre immortalité ensuite,...même si celle-ci aura aussi une fin. Nos armes seront nos arbres. Et s'il faut d'autres armes pour les défendre contre l'oligarchie qui étouffe notre pauvre monde, Dana nous les fournira. Parce que quand nous nous occuperons de nos arbres, on oubliera les bombes et les marchands de canon devront fermer leurs sinistres usines.

Elle va aussi me proposer un pseudonyme, puisque je dois impérativement me cacher de l'oligarchie mortifère : désormais, je m'appelle donc Ge Rho Nemo. Ge parce que ce sont mes initiales.  Rho, parce que c'est la 17ème lettre de l'alphabet grec, et que 17 est un nombre premier dont la somme des chiffres vaut huit, 8 étant le symbole de l'infini remis debout...(Tu me fais beaucoup d'honneur avec ton infini, Dana). Et Nemo, sans doute parce que je suis devenu personne. Mais il vaut mieux être (une) personne pour Dana qu'une chose dans des mains oligarches...

Vient alors l'heure de nous quitter. On s'embrasse, en se promettant de se revoir bientôt. Et de lancer notre projet...Dana me raccompagne à mon transporteur. Il me reste à redescendre sur Terre.

De retour ici-bas après un transportement sans histoire, je vois que le jour est en train de se lever sur mon jardin et alentours. Le jardin n'a pas changé. Les alentours sans doute pas non plus : au loin, une grue est toujours à la même place. Le transporteur, mon transporteur, se replie et retourne s'enfouir sous la terre.

Je me rends compte que je vais avoir du boulot. Ce qui me fait un peu peur. Ma respiration s'accélère, donc ma tension va encore monter. Faudra que mon médecin accepte d'augmenter un peu ma dose de Lisinopril. Je lui dirai que c'est pour la cause de Dana, et il ne pourra pas refuser






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